Le FFS s’entête à vouloir mettre sur les rails son chantier de reconstruction du consensus national. Alors que pratiquement toutes les formations politiques, ainsi que des sphères proches des cercles du pouvoir ont refusé soit dans le fond, soit dans la forme cette initiative du vieux parti de l’opposition, le FFS veut coûte que coûte poursuivre sa démarche.
Après le refus presque surprenant du FLN et la volte-face de partis comme le RND ou le MPA, le FFS s’est retrouvé pratiquement à prêcher dans un désert médiatico-politique. Seul face aux autres, il semble avoir compris que sa vraie bataille aujourd’hui c’est de « tirer contre les pôles du pouvoir et une frange de l’opposition, notamment à travers sa coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique ».
Les deux parties sont devenues un leitmotiv dans le discours de la direction nationale du FFS. Aucun meeting, aucune déclaration, aucun discours n’est raté par le FFS pour s’attaquer aussi bien au pouvoir qu’aux forces de l’opposition. Le dernier meeting en date s’est déroulé à Ain Defla, quand Mohamed Nebbou, premier secrétaire du parti, a mis en garde contre le risque de « décomposition et d’effondrement de l’Etat », ciblant ouvertement le pouvoir et la CNLTD.
Il dira que le pouvoir « poursuit la politique de fuite en avant et de bricolage politique. Il fait croire à l’existence d’institutions, à une vie politique et à une économie, mais la réalité est que les institutions sont de façade et que le pouvoir est incapable de mettre le pays à l’abri des dangers qui le guettent ». Selon Nebbou, il y a absence d’une volonté politique réelle chez le régime pour mener des réformes sur le plan politique, économique et social, alors que le pays a besoin de ces réformes profondes pour sortir de sa situation délétère.
Concernant la CNLTD, le responsable du FFS a critiqué une de ses revendications essentielles, celle de la création d’un organe autonome chargée de la supervision des élections, celle-là même qui conditionnera par la suite l’appel à une présidentielle anticipée. Pour le FFS, cette demande est inutile et a montré ses limites, puisque c’est les mêmes appareils « qui ont fabriqué le Président actuel ainsi que d’autres et qui fabriqueront le prochain sans aucun changement tangible pour les Algériens ». Pour le FFS, il faudra reconstruire ce consensus, que cet appel soit entendu maintenant « avant qu’il ne soit trop tard ».
C’est l’unique solution pour ce parti, qui semble avoir retrouvé ses repères depuis que le FLN, le RND, Taj et les autres ont décliné son invitation à une conférence nationale prévue à la fin du mois de février dernier. Le refus des partis qui construisent « artificiellement » une alliance présidentielle informelle de participer à ce consensus a mis le parti devant le fait accompli.
Critiqué de toutes parts, notamment en raison de son « silence complice » lors de la dernière présidentielle et surtout sa « neutralité hybride »suite à l’annonce d’un quatrième mandat de Bouteflika, le FFS s’est confiné dans un retrait politique aléatoire, face à ses ruminations, jusqu’au jour où les consultations sur la révision constitutionnelle ont été lancées par Ouyahia.
Une perche qu’il saisira rapidement pour annoncer publiquement son projet de conférence nationale sur le consensus. Plus de six mois de tractations et de négociations avec une multitude de partis et des dizaines de syndicats et d’associations nationales, ainsi qu’avec des personnalités historiques ou nationales, n’ont pas abouti à un minimum d’entente.
C’est dire le grand fossé qui sépare les différents acteurs politiques nationaux. Reste à savoir pourquoi le FFS peine encore à convaincre d’autres sensibilités et d’autres mouvances de la justesse de son action ?